08 SEP 2021

Gilles Brelu-Brelu : « Nous venons en aide aux villages reculés et ignorés »

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La sécheresse et le manque d’eau potable ont causé une crise alimentaire aiguë dans le sud de la Grande île, touchant quelque 500 000 personnes qui ont aujourd’hui un besoin urgent d’assistance. La MCB Madagascar et la MCB Forward Foundation se sont associées à l’Adventist Development and Relief Agency (ADRA) pour venir en aide aux familles les plus vulnérables. Gilles Brelu-Brelu, Directeur des Projets et des Moyens Généraux de la MCB Madagascar revient sur les grandes lignes de cette initiative humanitaire.

Le Grand Sud de Madagascar est touché par une grave sécheresse et une crise alimentaire. Pouvez-vous nous faire un état des lieux ?
Trois districts sont affectés par la famine et la malnutrition dans l’ex-province de Tuléar au sud de Madagascar, à savoir Atsimo-Andrefana, Androy et Anosy.
Cette situation n’est pas nouvelle dans cette région dont la superficie est de 66 236 km2 et qui compte presque 2 millions d’habitants. Mais, à cause d’une sécheresse plus importante que les années précédentes, et sans doute aussi en raison du changement climatique, ces populations sont confrontées à une famine de plus en plus sévère depuis 2019.

De plus, la sécheresse n'a pas permis d'avoir des réserves vivrières suffisantes et les produits alimentaires sont inaccessibles à une bonne partie de la population à cause de la pauvreté.

La sécheresse et le manque d’eau potable ont entrainé une crise alimentaire majeure touchant quelque 500 000 personnes qui ont aujourd’hui un besoin urgent d’assistance. La majorité de la population de cette région, de même que les zébus, ne se nourrissent que de feuilles épineuses de raketa (figue de Barbarie ou cactus).
Il est à noter que 500 000 autres personnes sont classées en « Phase 3 », c’est-à-dire : « alerte, famine possible ».

La MCB Madagascar et la MCB Forward Foundation se sont associées à l’Adventist Development and Relief Agency (ADRA) pour venir en aide aux familles les plus vulnérables. Parlez-nous des grands axes de cette initiative.
La MCB Madagascar et la MCB Forward Foundation, avec la collaboration de l’agence humanitaire ADRA, ont décidé de venir en aide à trois Fokontany (villages) affectés par la famine et situés dans la région d’Ampanihy. Ces trois villages comptent au total 650 ménages, soit environ 3 000 personnes. L’aide est répartie en 3 volets : la distribution de nourriture, la fourniture d’outils pour la plantation et la formation dans ce domaine, et pour finir, l’adduction d’eau, c’est-à-dire le forage de puits et la formation sur la gestion de l’eau.

Le budget qui a été accordé pour cette initiative est de 190 000 USD. Ce projet, qui s’étale sur une durée de trois ans, nous permettra de venir en aide aux Fokontany (villages) et familles des endroits reculés et ignorés, qui n’ont reçu aucune aide jusqu’à présent.

Le projet comprend aussi la construction de fermes agricoles adaptées au changement climatique. Pourquoi cette approche ?
Il faut tout d’abord comprendre que dans cette région, la pluie est très rare et l’eau est un élément précieux. La population doit marcher des kilomètres pour en trouver et souvent un puits de 20 ou 30 mètres est creusé pour en obtenir. Malheureusement, cette eau est saumâtre et donc inutilisable pour l’irrigation.

Avec les foreuses de l’ADRA, nous pouvons creuser jusqu’à 90 mètres voire 110 mètres, et trouver de l’eau potable qui sera également utilisable dans les fermes agricoles.
De plus, comme dans la région presque rien ne pousse, les experts de l’ADRA ont identifié des cultures adaptées telles que le manioc, le maïs, ou encore la patate douce, que l’on peut cultiver malgré des conditions extrêmes.

Avec l’ADRA, une première étape de terrain a déjà été réalisée. En quoi consistait-elle ?
Il s’agissait de la distribution de vivres dans des Fokontany dans la région d’Ampanihy. Il faut savoir que chaque Fokontany se compose souvent de six ou sept hameaux qui sont assez éloignés du Fokontany principal. Une équipe de volontaires s’est rendue sur le terrain afin de récolter des informations et identifier les personnes et les familles les plus vulnérables. 4 catégories de profils ont été identifiées : les femmes enceintes, les familles avec une personne handicapée, les familles avec des personnes de plus de 60 ans, et les familles nombreuses principalement comprenant des mères célibataires.
Nous avons visité plus de 800 familles et avons sélectionné 650 bénéficiaires.

Malheureusement, nous n’allons pas pouvoir venir en aide à toutes les familles visitées.
Nous avons aussi réalisé la seconde étape de notre projet, c’est-à-dire l’identification des sites de forages avec une équipe de techniciens d’ADRA. Nous avons essayé de trouver des emplacements relativement proches des hameaux dans les 3 Fokontany identifiés. Cette étape a été longue mais nécessaire.

Quelles ont été les réalités du terrain auxquelles vous avez dû faire face ?
Le trajet Tuléar-Ampany fait 290 km avec une piste vraiment difficile que nous avons couvert à l’aller en 12 heures et au retour en un peu plus de 10 heures.
Les conditions sont rudes dans cette région car il n’y a pas d’eau dans les robinets et donc pas de douches. Le bain le matin et le soir se fait avec de l’eau froide alors qu’il fait 10°C.

Au mois de juin, le matin et le soir à Ampanihy il fait entre 10 et 12°C et la journée entre 24 et 28°C. Les missions dans les hameaux ont été très éprouvantes. Nous avons parcouru entre 12 et 15 km à pied chaque jour, avec des départs souvent très tôt et les retours en fin d’après-midi.

Il y aussi quelques sensibilités locales à prendre en compte. À titre d’exemple, il n’est pas toujours évident de prendre en photo les personnes dans les provinces car il faut souvent leur autorisation au préalable. De même, avant chaque visite dans un Fokontany, il faut d’abord obtenir l’autorisation du chef du village.
Il est important de faire ressortir que nous avons toujours été bien accueillis même si lors des trois distributions de vivres, les véhicules se plaçaient toujours en position de départ pour pouvoir réagir rapidement en cas d’émeute, ce qui s’est déjà produit dans le passé dans une autre région. Des militaires nous ont accompagnés lors de ces distributions afin d’éviter tout débordement.

La prochaine mission à Ampanihy se fera au mois de septembre pour la distribution de vivres et pour vérifier si les forages sont terminés et les puits opérationnels.

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