20 MAY 2022

La biodiversité en 7 questions

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Biodiversité : un mot souvent utilisé, mais pas toujours à bon escient. Le Dr Nicolas Zuël, Conservation Manager à Ebony Forest, nous explique de quoi il s’agit, son importance, et notre rôle à tous dans tout ça.

C’est quoi la biodiversité ?

Quand on parle de biodiversité, on parle de tous les êtres vivants dans une zone spécifique. La biodiversité, c’est donc tous les animaux, toutes les plantes, et aussi les bactéries, les virus, ou encore les insectes dans une région ou un pays.

À Maurice, nous parlons souvent de la « bonne biodiversité ». On fait ainsi référence à la biodiversité endémique ou la biodiversité indigène. Les espèces indigènes sont celles qui étaient déjà à Maurice avant la venue de l’Homme. Les espèces endémiques sont celles qui étaient déjà là avant l’arrivée des êtres humains et qui, de plus, n’existent qu’ici. Le dodo, par exemple, était un animal endémique. Aujourd’hui nous avons encore quelques animaux endémiques : la crécerelle, le pigeon des mares, le gecko, la grosse cateau verte et l’oiseau à lunettes, pour n’en nommer que quelques-uns.

Pourquoi la biodiversité est-elle aussi importante ?

La biodiversité compte énormément parce que c’est un pilier qui soutient les différents écosystèmes, comme l’écosystème forestier ou celui des lagons.

Un écosystème, c’est l’ensemble de tous les êtres vivants et non vivants dans un espace donné. Dans une forêt, par exemple, l’écosystème comprend, entre autres, les arbres, les insectes, les oiseaux, les roches, la terre et la température.

Pour mieux comprendre à quel point la biodiversité est importante, imaginons qu’un écosystème est comme un mur. La biodiversité, ce sont les petits blocs qui sont utilisés pour construire ce mur. Si on en retire quelques-uns, le mur devient moins résistant et moins résilient. Si on enlève trop de blocs, c’est tout le mur qui s’écroule. La biodiversité est donc la structure qui soutient nos écosystèmes.

Comment est-ce que la biodiversité nous touche, nous les êtres humains ?

Les êtres humains sont « à l’intérieur » de la biodiversité. Nous en faisons partie et nous faisons partie des cycles de la biodiversité.

Prenons l’exemple du cycle de l’eau. Lorsque ce cycle est perturbé, il peut y avoir de la sècheresse ou des pluies torrentielles. En parallèle, s’il y a moins d’arbres, l’eau n’est pas bloquée et n’est pas absorbée par le sol, ce qui cause un ruissellement. Ce ruissellement a alors un impact direct sur nous les êtres humains, comme ça a d’ailleurs été le cas à plusieurs reprises récemment à Maurice.

Quel est l’état des lieux de la biodiversité mauricienne ? Sommes-nous dans le rouge ?

Nous sommes en effet dans le rouge. Nous avons perdu une partie importante de nos espèces, si nous comparons aux taux d’avant l’arrivée de l’Homme : nous avons perdu presque 46 % de nos oiseaux, 33 % de nos reptiles, 5 % de nos plantes et 40 % de nos insectes. Ajoutons à cela, le nombre d’espèces qui sont actuellement en danger d’extinction.

La bonne nouvelle –  s’il y en a une –, c’est que Maurice est un des rares pays à avoir pu sauver des espèces de l’extinction. Je parle ici, entre autres, de la crécerelle, du cardinal de Maurice, du cardinal et de la fauvette de Rodrigues, de la grosse cateau verte…

Par contre, ce que nous avons déjà perdu en termes de biodiversité ne reviendra jamais. Il est donc impératif de préserver ce qu’il nous reste en sachant aussi que nous n’avons pas forcément toutes les données à ce sujet. Nous ne connaissons pas, notamment, le taux de perte de biodiversité chez les insectes ou encore chez les escargots.

Il y a donc des escargots endémiques à Maurice ?

Oui ! Et il y a un besoin imminent de faire quelque chose pour éviter leur disparition. Au niveau d’Ebony Forest, nous avons travaillé sur un programme pour conserver la Pachystyla bicolore en collaboration avec le National Park and Services. Ça nous a pris un temps fou pour en trouver quatre ! Avec ces quatre, nous avons entamé un programme de reproduction grâce auquel nous avons aujourd’hui 500 escargots dont 200 ont déjà été relâchés dans des zones protégées. Si on ne fait rien, des espèces telles que celle-ci vont disparaitre.

Les escargots et d’autres animaux comme les chauves-souris ont pourtant souvent mauvaise presse…

Chaque animal, chaque être joue un rôle dans l’écosystème. Les escargots contribuent à la décomposition des plantes et des déchets. Les chauves-souris dispersent les fruits et contribuent grandement à la pollinisation. Il faut savoir que nous n’avions pas d’abeilles à Maurice, elles ont été introduites. La pollinisation se faisait principalement par les insectes tels que les papillons, les geckos et les chauves-souris.

Que pouvons-nous faire pour soutenir notre biodiversité, pour la protéger ?

Aujourd’hui, nous avons beaucoup de gens qui ont comme animaux domestiques des animaux exotiques, c’est-à-dire des animaux importés, et qui se retrouvent souvent dans la nature. Un exemple que nous connaissons tous est le lézard de Madagascar. Ces animaux exotiques, qui ne sont pas originaires de chez nous, déséquilibrent les écosystèmes locaux et sont aussi souvent des prédateurs pour nos animaux indigènes. Les plantes « importées » sont, quant à elles, en général des espèces envahissantes qui dégradent l’habitat. Il faudrait donc éviter tout ça !

On coupe aussi beaucoup de nos arbres. Face à ce problème, un des moyens d’aider à la conservation de notre biodiversité est de venir aider, par exemple à Ebony Forest, à replanter des arbres et ainsi, à reconstruire des habitats. C’est quelque chose que les individus peuvent eux aussi faire, à leur niveau, afin de contribuer à tout l’effort de conservation.

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